La formation infirmière
La profession d’infirmier est reconnue et autorisée par l’État. Il s’agit d’une formation universitaire de trois année amenant à un Bachelor.
La formation d’infirmier en psychiatrie n’existe plus et le système universitaire HES qui gère les études en soins est orienté vers les soins généraux et le management. Sur les trois ans d’études, la psychiatrie est désormais réduite à un seul stage et un module d’enseignement.
S’il veut combler les manques de ses études de base, le nouveau diplômé qui choisit de se spécialiser en psychiatrie devra suivre des formations post-diplôme, en général accessible après 2 ans d’expérience dans son domaine.
Heureusement, l’offre en formations s’étoffe et propose plusieurs niveaux selon les modèles « études »: D.U. européens, C.A.S, D.A.S, M.A.S, Master, Doctorat ou « formation professionnelle supérieure »: Diplôme d’infirmier spécialiste clinique option psychiatrie (En voie de reconnaissance Diplôme fédéral)
Les soins infirmiers en santé mentale
Quand il va s’appliquer à la santé mentale, le travail de l’infirmier va bien sûr avoir des spécificités. Si lorsque la situation le requiert, cet intervenant de santé peut continuer à réaliser l’ensemble des soins somatiques (physiques) relevant de sa compétence, la majorité de ses actes seront pourtant d’ordre relationnel.
Des actes infirmiers à visée d’autonomisation
Les actes de soins relationnels qui fondent la spécificité de l’exercice infirmier en psychiatrie s’inscrivent tout d’abord dans une visée d’autonomisation. Au travers d’entretiens individuels et d’activités thérapeutiques, le soignant va travailler avec le patient sur son autonomie et son intégration sociale.
Les entretiens individuels sont des rencontres qui vont permettre de créer avec la personne malade des relations dites « étayantes » qui doivent la soutenir tout au long de sa prise en charge thérapeutique. Ces entretiens réguliers vont l’aider à apaiser sa souffrance, à mieux comprendre ses difficultés et à agir au mieux malgré les obstacles de la maladie.
La qualité des relations créées entre le patient et l’infirmier est donc déterminante. La disponibilité physique et psychique du soignant, sa bienveillance, sa persévérance et son empathie (ou capacité à se mettre à la place d’autrui, à comprendre le ressenti et les difficultés du patient) vont être des atouts pour la réussite de ces entretiens.
Les activités thérapeutiques sont des moments de soins organisés autour d’activités diverses comme des sorties, des activités sociales, des jeux, etc.
Qu’elles soient ludiques, pragmatiques (pratiques), sociales ou encore artistiques, ces dernières sont nommées « médiation », car elles sont des moyens ou supports pour permettre au patient de retrouver des activités et des compétences perdues suite à la maladie.
Chaque activité sera choisie en collaboration avec le patient et aura pour objectif de résoudre une difficulté ou gérer des symptômes. Les objectifs seront évalués régulièrement par l’infirmier pour trouver les actions de soins les plus adaptées à la problématique du patient.
L’activité thérapeutique va être le lieu où le patient va travailler sur une ou plusieurs dimensions fonctionnelles propres à tous les individus : dimensions cognitives, sociales, relationnelles, corporelles et affectives. Ils vont aider à retrouver la pratique du contact avec autrui et le goût de la relation sociale. Ils vont participer à regagner une image et une estime de soi altérées par la maladie.
Ainsi des jeux inspirés de jeux de société stimuleront les fonctions cognitives (mémoire, concentration, catégorisation, capacité à hiérarchiser, etc.). Des sorties récréatives ou nécessaires comme les courses dans les magasins permettront de renforcer le repérage et l’autonomie dans l’espace social.
Des ateliers de marches accompagnées, de relaxation, d’exercices issus du concept de Mindfulness amèneront la personne à développer ses possibilités d’expression, de mobilisation, de gestion des émotions et de plaisir liées au corps.
Dans la même démarche, toutes les techniques amenant à se focaliser sur les sensations physiques faciliteront la maîtrise des angoisses et des ruminations mentales.
Les accompagnements à l’extérieur stimuleront les compétences sociales. Le travail en immersion en compagnie de l’infirmier, lors de phobies sociales par exemple, contribuera à une amélioration de l’image de soi et développera les habiletés sociales, la capacité à interagir et à communiquer.
Le rôle de l’infirmier en psychiatrie à domicile s’inscrit dans ce type d’activités programmées, mais aussi dans des espaces informels au début ou à la fin d’une visite chez le patient. Il s’agit souvent de phrases d’encouragement ou de conseils plus ciblés concernant la prise d’un traitement (donc la compliance), l’hygiène ou les habitudes de vie, les outils que le patient peut utiliser pour traverser une difficulté, etc..
Le temps informel est aussi le moment pris pour les réponses aux demandes multiples (montrant souvent une angoisse lors du départ de l’infirmier en fin de visite), les rappels au cadre, la réassurance, l’échange autour d’une idée délirante, etc.
C’est encore une fois la qualité de présence du soignant qui transformera ces instants impromptus et fugaces en moments de soin productifs.
La qualité de l’ensemble des réponses de ce type, par le seul interlocuteur de proximité qu’est l’infirmier à domicile, sera déterminant et permettra souvent d’éviter une hospitalisation en urgence ou sous contrainte.
A ce sujet, l’infirmier en psychiatrie à domicile pratique l’évaluation et la gestion de crise très régulièrement. Cette pratique le rend particulièrement réactif dans la gestion des risques suicidaires inhérents à la maladie psychique.
Des actes infirmiers à visée psychothérapique
Dans cette visée (qui relève d’une autorisation de pratique cantonale et d’une prescription médicale) les outils sont apparentés à ceux qui relèvent du rôle d’autonomisation, mais ils s’en différencient par leur objectif.
Il s’agissait auparavant de stimuler l’autonomie, de renforcer les possibilités d’inscription sociale de la personne malade. Il s’agit maintenant de travailler plus spécifiquement sur le rapport de la personne à sa maladie en déployant la rencontre dans une visée psychothérapique. C’est le vécu sensoriel et affectif de la maladie qui sera abordé.
L’inscription dans la durée sera alors fondamentale pour que ces éléments puissent se déployer. Lorsque des activités thérapeutiques à médiation seront proposées, elles seront animées autour de supports principalement ludiques (jeux de société, musique, photo, etc.) dans le but de stimuler l’imaginaire et le vécu affectif.
Enfin, le rôle propre de l’infirmier relève de l’observation et de l’évaluation clinique de la personne en vue du travail en étroite collaboration avec le psychiatre, le psychologue, le socio éducateur ou tout autre membre du réseau pluridisciplinaire.